Le musée Soulages explore l’art de Lucio Fontana

Rédigé le 26/06/2024
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Avec l’exposition consacrée à Lucio Fontana, le musée Soulages confirme sa vocation d’établissement qui ne se contente pas de montrer mais qui s’applique surtout à éclairer le chemin de la création artistique.

 

Comme Pierre Soulages, l’artiste polymorphe Lucio Fontana a cherché toute sa vie durant. Il a exploré, il a expérimenté, jusqu’aux tréfonds des concepts les plus abstraits. A la différence de Pierre Soulages, qui a consacré toute sa vie au seul noir, Lucio Fontana a touché à toutes les matières et toutes les techniques (ou presque). Lors d’une conversation avec Benoît Decron, le conservateur en chef du musée ruthénois, Pierre Soulages avait manifesté son désir de voir un jour les œuvres de Lucio Fontana exposées dans son musée.

C’est désormais chose faite. Jusqu’au 3 novembre, la salle des expositions temporaires accueille en effet une large représentation du travail de l’artiste italo-argentin, intitulée « Il y a bien eu un futur - Un Futuro c’è stato ». C’est tout à la fois déroutant et fascinant. Plus que ça : c’est tout simplement beau, grâce à la mise en place intelligente, sensible et soignée dont l’équipe du musée est coutumière.

Il n’y a pas eu d’exposition importante sur Fontana en France depuis les rétrospectives du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou en 1987 et du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2014. Celle de Rodez est conforme à notre mission de présentation de grands noms de l’art moderne : elle proposera un voyage dans l’ensemble de l’œuvre de Fontana, avant et après la Guerre, en Argentine et en Italie, une évocation de sa variété créatrice : peintures, papiers, sculptures, céramiques et installations lumineuses et spatiales. Le public découvrira au-delà des Concetti Spaziali (les concepts spatiaux), avec les Attese (les fentes) et les Buchi (les trous), un artiste figuratif et informel, un homme classique et futuriste…

L’exposition est l’occasion de présenter deux Ambienti spaziali : celle aux néons aux lignes incurvées, les arabesques de la IX° Triennale de Milan de1951 - reconstituée spécialement pour l’exposition - et celle de la Galleria del Deposito de Genève, 1967 (musée d’art contemporain de Lyon). En 1951, à Milan, Fontana travaillait en collaboration avec son ami l’architecte Luciano Baldessari et son collaborateur Marcello Grisotti : le néon voyait le jour, un médium issu de l’industrie, une source de lumière agissant émotionnellement sur le spectateur dans un espace autre.

L’exposition, dont le commissariat scientifique est assuré par Paolo Campiglio et Benoît

Decron, se fonde sur le concept d’intuition du futur dans l’œuvre de Lucio Fontana, du renouvellement du statut de l’art, pour présenter un parcours singulier centré sur l’idée des oppositions dialectiques entre le matériel et l’immatériel, sur le concept d’utopie supposant un rapport contradictoire, d’attraction et de répulsion, vis-à-vis de la réalité concrète. Sculptures, œuvres sur toile et sur papier, environnements, plus de quatre-vingts œuvres seront réunies. L’exposition prend en compte le thème du futur selon trois axes principaux du parcours de Fontana, étroitement liés : Matière-Lumière-Couleur (nature et figure, anti-nature et anti-figure), espace actif (Environnements et Teatrini) et Utopie (Concetti Spaziali et Fine di Dio).

Le public de l’exposition consacrée à Lucio Fontana pourra aussi en profiter pour découvrir les derniers Outrenoirs donnés au musée ruthénois par Colette Soulages, en mai dernier.